Apprendre avec les pédagogies coopératives : le texte libre
J’ai découvert la pratique du texte libre lors d’une réunion du groupe ICEM de mon département. J’ai tout de suite trouvé ça aussi génial que flippant !
Commençons par le définir :
Source : https://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/30466
Quand j’ai écouté cette collègue en parler, j’ai trouvé ça super parce que les enfants produisaient des textes de leur choix, et ceux-ci servaient de support à l’étude de la langue. J’étais quand même plutôt septique à l’idée que tous produisent des textes, me disant que certains devaient restés bloqués devant la page blanche.
Ce qui m’a fait peur dans cette pratique, c’était la liberté, le fait de ne pas prévoir quelle notion allait être étudiée puisqu’on ne choisissait pas le texte à l’avance. Quand on utilise une méthode, les textes sont justement choisis pour leurs caractéristiques, propices à l’étude du sujet visé. Ici, c’est la production de l’enfant qui allait nous dire quoi traiter.
Bref, j’en ai parlé à plusieurs reprises, j’ai échangé avec d’autres profs qui le mettaient en place, et puis j’ai lu des ressources en ligne, beaucoup sur le site de (référence) l’ICEM.
J’ai laissé l’idée de côté quelques temps, jusqu’au mois de décembre 2019.
Comme j’avais relancé les plans de travail dans la classe, j’ai eu envie de tenter les textes libres.
Un lundi matin, j’ai donc présenté le dispositif aux élèves et je leur ai proposé de commencer à la suite. Je leur ai laissé 10 minutes pour produire, je suis passée auprès de chacun et à ma grande surprise tous étaient en train d’écrire. J’ai vraiment cru que certains n’auraient pas commencé, mais non.
Dans les différentes lectures que j’ai faites, on propose pour la première séance de stopper l’écriture au bout de 10 minutes et de faire lire aux élèves volontaires leurs productions, ce qui donnera des idées aux autres. On peut aussi utiliser des incitateurs à l’écriture :
Je vais quand même me mettre à la recherche de quelques outils du type dés à histoires, images personnages/lieux/actions ou encore types de textes pour les aider à diversifier leurs productions.
Les élèves peuvent revenir sur leur texte autant de fois qu’ils le souhaitent. Généralement ils travaillent dessus pendant les temps de plan de travail, certains ont retravaillé dessus à la maison. Je les laisse libres. Je leur demande de faire une relecture, une vérification de base en s’aidant de notre outil de relecture de dictée.
Ensuite, s’ils le souhaitent, ils me le font lire. J’ai une corbeille destinée à la réception de travaux à corriger. Je les annote avec le code de correction utilisé en dictée (code de Dictées et histoire des arts).
Puis, ils choisissent ou non de le corriger. Bien sûr je les y encourage, selon les élèves, je corrige certains points et leur en laisse d’autres. Mais je ne veux pas les accabler par la correction, certains produiraient moins ou pas du tout face à la tâche de correction. L’idée principale est de donner l’envie d’écrire, progressivement on travaillera sur l’envie d’écrire sans erreur.
Le vendredi, ceux qui le souhaitent lisent leur texte à la classe. C’est un moment très demandé et apprécié de tous : les auteurs sont fiers de présenter leurs textes et ceux qui écoutent aiment découvrir les aventures de leurs camarades.
A l’issu de la présentation, on retient les titres des textes qui veulent être soumis au vote pour choisir notre texte d’étude. Nous votons à main levée. Je précise que le choix porte sur le texte qui leur a le plus plu, par sa forme ou son sujet, pas forcément pour le texte le plus réussi.
Pendant le weekend, je retape le texte, fidèlement. Le lundi, je le propose à tous pour un « toilettage » : chacun lit et propose des corrections. Déjà d’ordre orthographique, grammatical, puis s’ils le souhaitent/peuvent d’ordre syntaxique. Ils cherchent seuls, puis échangent avec un camarade.
Lors d’une 2ème séance, ils proposent leurs corrections et on modifie le texte au TNI. Pour les corrections qui changent les formulations, on demande l’avis de l’auteur ! Selon la taille du texte et du nombre de corrections à apporter, on y passe une ou deux séances. Parfois j’en fais une partie aussi pour que ça ne soit pas trop lourd.
Le texte est relu par l’auteur à la classe. A partir de là, certains font des propositions pour un sujet d’étude. Pour le dernier texte dont le titre était « Le voyage dans le futur », assez facilement on m’a proposé d’étudier le futur.
Parce que oui, l’idée aussi c’est de lier l’étude de la langue à tout cela ! Il ne s’agira pas de ne faire de la grammaire qu’à partir de textes d’enfants bien sûr, il ne faut pas les priver de la richesse présente dans les textes littéraires. Mais partir d’un référent commun, créé par un camarade, a un sens fort et motive.
Certains diront, mais comment programmer son année alors ?!
En fait, en début d’année, j’ai suivi scrupuleusement la méthode Réussir en grammaire au CM, j’ai donc fait ma programmation à partir de cet ouvrage. Aujourd’hui, quand le texte est voté, je cherche ce que je pourrais travailler grâce à celui ci. Et jusqu’à maintenant j’ai toujours réussi à introduire les notions en suivant ma programmation. Mais je ne m’interdis pas d’en sortir, de sauter sur l’occasion qui se présente.
Disons que j’ai la liste des notions à aborder, et qu’en juin elles devront y être passées !
Dans le livre de Sylvain Connac Apprendre avec les pédagogies coopératives, il y a des propositions pour traiter également le vocabulaire et l’orthographe. Je n’utilise les textes libres qu’en grammaire (enfin on fait de l’orthographe lors du toilettage), par choix.
Ce que j’aime beaucoup dans cette pratique, c’est le plaisir qu’ils ont à écrire, sans contrainte ! Certains on commencé un livre à chapitres, d’autres livrent des moments personnels, d’autres encore font preuve de beaucoup d’imagination, et c’est un plaisir pour moi de découvrir leurs productions.
Dans la mesure où il n’y a pas de contrainte, ce n’est pas avec ce dispositif que j’aborde les différents types d’écrits et la production d’écrits à contraintes. Je mets en place depuis maintenant 3 ans une simulation globale dans ma classe qui me permet de leur faire découvrir et produire des écrits variés.
Les textes toilettés sont mis en page (numériquement ou à la main, au choix) et affichés. J’envisage à la rentrée de les publier si les auteurs le souhaitent, aux parents via notre application de communication Klassroom, et/ou sur Twitter, pour le plaisir d’être lus en dehors de la classe.
4 réflexions sur « Apprendre avec les pédagogies coopératives : le texte libre »
Le texte libre fait partie de ces premières amours que j’ai lâchement abandonnées lorsque j’ai enfin eu ma classe à moi, mais qui me titille de plus en plus de reprendre…
Et ton article me remet l’eau à la bouche!!!
C’est bien parfois d’arrêter, de réfléchir, de reprendre, de voir ce qui a changer etc !
Super ton article. Le toilettage est vraiment un moment sympa dans la classe. C’est riche et ça permet de revoir les mêmes notions chaque semaine, les mêmes règles que les enfants acquièrent à force d’argumenter lors des échanges. Mais surtout, chacun apporte aux autres. Les élèves en difficultés comme les plus avancés. C’est la magie d’apprendre an coopérant.
Bravo.
Je te rejoins en tous points !